Se déroulant seulement deux semaines après ma sortie de l'hopital, suite à mon accident cardiaque, je ne pensais pas pouvoir répondre à l'invitation de Jacky Ickx d'assister aux Ferrari Track Days. Mais sur l'insistance de mon copain Popol, je décidais finalement de l'accompagner sur le circuit du Nurburgring.

L'événement se déroulant durant deux jours, je n'assistais qu'à la première journée mais quel régal. Les conditions atmosphériques étaient idéales, beau soleil et légère brise rendaient la température agréable.

En attendant l'arrivée de Jacky Ickx, mon copain Popol et moi visitions les différents stands dans lesquels étaient rangés des bolides des temps passés et présents. De la Formule 2 des années cinquante à la nouvelle Ferrari Enzo en passant par les différentes voitures de Formule 1 au cheval cabré, toutes dans un état impeccable.
Par hasard, je fis la connaissance de Roland Schmitt, également admirateur de Jacky Ickx. Heureux hasard, car c'est grâce à lui que j'allais obtenir des photos de la deuxième journée à laquelle je n'allais pas assister. Tout de suite, nous sommes devenus amis.

Jacky Ickx avait fait le déplacement en moto et arrivait sur le circuit au guidon de sa BMW. A sa grande surprise, je rencontrais Jacky dès qu'il eut revêtu sa tenue de pilote. En effet, le jour de mon retour de l'hôpital, il m'avait téléphoné et m'avait déconseillé de me rendre au Nurburgring car il estimait que ma convalescence ne me permettait pas d'assister à l'événement.

Dès qu'il me vit, sa première phrase fût "Mais vous êtes fou d'avoir fait un tel voyage dans votre état". Je le rassurais sur ma condition physique et une conversation très amicale, comme toujours, s'engageait. Vers midi, Jacky s'installait dans la Ferrari 312 PB, voiture semblable à celles qui lui avaient permit de remporter huit victoires de 1972 à 1973 dans les courses d'endurance.
Dans un bruit infernal, qui me rappelait ma jeunesse, Jacky démarrait et se dirigeait vers la piste. Il effectuait quelques tours du circuit à vive allure et à chaque passage, c'était le bonheur. Chacun se sentait trente ans plus jeune. Jacky revenait dans les stands après sa prestation et la voiture était rangée dans le garage, aux cotés de la Ferrari 512S, de la Ford GT40 et de la Ferrari 312B2.
Chacun lui demandait des autographes et voulait le photographier. Comme toujours, il se montrait disponible et acceptait, toujours très souriant, aux désirs du public venu nombreux. Durant tout ce temps, je me trouvais à ces cotés et nous échangions quelques paroles de temps en temps.
A quatorze heures, Jacky prenait place dans la Ferrari 312B2, celle-là même avec laquelle il avait remporté son dernier Grand Prix de Formule 1 en 1972 sur ce même circuit du Nurburgring, circuit complètement modifié depuis cette époque. Quelques minutes plus tard, il quittait le garage et s'arrêtait dans l'allée des stands afin d'attendre son tour pour pouvoir s'élancer sur la piste. Paroxysme de disponibilité pour son public, casqué et ganté, il continuait de dédicacer différents objets pour ses admirateurs : casquettes, livres, photos etc.
Quelques minutes plus tard, il s'élançait sur la piste pour effectuer quelques tours du circuit.

Toujours en verve, il n'avait pas perdu sa précision de pilotage et il nous offrait des moments de bonheur à chaque passage devant les tribunes. On regrettait de ne pas voir apparaître derrière lui Reggazoni, Peterson, Stewart, Cevert, Hulme tout comme en 1972 lors de cette dernière victoire mémorable. Son retour dans les stands sonnait l'heure de la pause pour le déjeuner.

Après le déjeuner, nous rencontrons Jacky Ickx qui se repose près du mobile home Modena Motorsport et il nous invite, Popol et moi, à se joindre à lui : la conversation s'engage à nouveau. Un peu plus tard, nous rejoindrons, tous les trois, la pitlane. Là, Jacky me présente au fils du célèbre dessinateur Jean Graton et à son épouse et c'est dans cette très agréable ambiance que l'après-midi se termine. Vers dix sept heures, je prends congé de Jacky et de ses amis et nous prenons le chemin du retour. Quelle journée merveilleuse, riche en émotions de toutes sortes.
Merci Jacky et merci à Popol qui m'a permit de la vivre.