Sans doute retrouvera-t-il les réflexes d'il y a 32 ans.
Le jour d'un grand triomphe au Nürburgring en 1972 au volant de cette rutilante Ferrari 312B2.
La soixantaine avantageuse, et l'élégance toujours bien cravatée, Jacky Ickx, par ailleurs directeur de course du 4e Grand Prix Monaco Historique, traverse aujourd'hui la vie dans une philosophie très zen "L'existence est une formidable curiosité, avec au fil des ans, la découverte de soi-même dans tes intimes évolutions. Avec l'âge tu ressens mieux ce que tu es, ce que tu représentes. C'est-à-dire peu à l'échelle de la planète".
Sans en faire trop dans l'introspection, il dit "je suis infiniment reconnaissant à la vie qui m'a gâté. Tout a été magnifique jusqu'à maintenant, même si j'ai connu ma part de drames".
Tant de bonnes raisons, d'enfiler combinaison et casque de course, afin d'être au rendez-vous. pour quelques tours de manège à l'occasion de la magnifique, stupéfiante, exceptionnelle parade de Ferrari. Le samedi et le dimanche (de 13h30 à 14 heures). "J'en suis persuadé. Rien n'aura changé. Ce sera un arrêt sur images 32 ans après".
Ravi d'être à l'écoute des ébouriffantes pulsions de ce moteur Ferrari, de retrouver les rages et les soubresauts de cette piste magique, dans un cadre unique. Et de signer des autographes sur des photos d'époque, qui ne seront pas jaunies dans la mémoire. La sienne et celle des autres. "Ce doit être une communion entre tous. Le Grand Prix Historique, c'est une nostalgie collective dans une discipline qui devient de plus en plus hermétique à ceux qui n'en font pas partie. Heureux de voir que l'Automobile Club de Monaco, ouvrait ses portes au public pour assister à un événement considérable. La promotion de cette épreuve se fera par l'image et par le texte, mais encore par le bouche à oreille. A chaque fois, c'est une escalade dans la popularité de l'épreuve".
Il a ce joli mot "un événement comme ça, ça se respire. Le plaisir ? On le voit dans les yeux des gens".
Ils étaient quelques uns, pilotes de légende, à être venus autour du circuit de Monaco, et acceptant les mots d'excuses de certains anciens camarades de jeu, restés avec leurs souvenirs ou leurs égoïsmes qui avaient culminé à l'époque avec tant de générosité en piste. "Etre ici relève d'un état d'âme, d'un état d'esprit. J'ai la mémoire du cœur. Je sais ce que j'ai reçu. Je dois avoir la volonté de redonner aux autres".
Ce plaisir à nul autre pareille de faire retrouver des chambre d'enfant, d'ouvrir les tiroirs du souvenirs, dans les armoires de la mémoire. Et revivre l'espace d'un week-end les plus folles émotions dans le rêve devenu réalité.
Sans doute Jacky Ickx aura-t-il l'envie d'avoir le pied lourd au volant de cette Ferrari 312B2, lui dont l'éclectisme aura fait merveille durant une carrière lourde de souvenirs, riche d'événements, et truffée de victoires tant en F1, qu'en endurance (6 victoires au Mans) et sur les rallyes raids (victoires au Paris-Dakar), et sans doute jamais rangé des voitures comme on dit "La course ne me manque pas. Ce qui me fascinait, ce n'était pas la gloire, sinon le contact avec le public. Ce qui m'aura séduit, c'était d'avoir la possibilité de gagner, alors qu'à l'école, tout le monde me disait que j'étais mauvais partout".
Tel était Jacky Ickx, hier dans le paddock avec la bonne humeur vagabonde.
Si ce n'était cet étonnement perpétuel qu'il a envers la Principauté, où il possède une résidence "A voir ces nouveaux stands, cette nouvelle tribune, on croit rêver. Ici, cela ressemble à un miracle permanent. Sous l'impulsion du Prince Souverain, l'Automobile Club de Monaco a la capacité d'anticiper dans une perpétuelle obsession à se remettre en questions, pour être le plus performant possible. Je suis fier d'appartenir à ce club. Je suis fier d'être un membre de cette famille". |