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L’exploit de Jacky Ickx
Inspirée de la révolutionnaire Lotus 72 conçue par Colin Chapman en 1970, la McLaren M23 prolongea brillamment les idées du génial ingénieur britannique. Grâce à la justesse de sa conception, elle connut une longévité inégalée et offrit une couronne mondiale à Emerson Fittipaldi et à James Hunt. Mais elle permit surtout à l’écurie McLaren d’atteindre pour la première fois le sommet de la hiérarchie en F1. |
On se souvient de la McLaren M23 pour son palmarès incomparable, avec les deux titres mondiaux d’Emerson Fittipaldi et de James Hunt, ainsi que des premiers succès en F1 de Peter Revson ou de Jochen Mass. Cette voiture à la longévité légendaire a aussi permis à Gilles Villeneuve ou Bruno Giacomelli en 1977 (et même Nelson Piquet en 1978 sur la voiture privée de B&S Fabrications après une première course chez Ensign) de débuter en Grand Prix. |
Mais on oublie souvent que c’est à son volant, au beau milieu de l’été 1973, que Jacky Ickx a écrit une des plus belles pages de son histoire sur l’inoubliable grand tracé du Nürburgring, lorsque le circuit faisait encore 22 km, long de pas moins de 170 virages. En froid avec la Scuderia Ferrari, son employeur depuis plus de trois ans, en raison de l’échec de la 312 B3, le champion belge décida de renoncer à piloter le bolide rouge de son propre chef après le Grand Prix de Grande-Bretagne où il avait du se contenter d’une médiocre 19e place sur la grille. Le Commendatore Enzo Ferrari, conscient que la B3 nécessitait un important développement, décida alors de déclarer forfait pour le prochain Grand Prix, en Allemagne. |
Afin de restaurer sa confiance et son image, Ickx chercha alors un autre volant pour le rendez-vous qu’il n’aurait manqué pour rien au monde, celui du mythique Nürburgring où il s’était déjà imposé en 1969 (Brabham BT26) et 1972 (Ferrari 312 B2), sans même évoquer ses performances au Marathon de la Route ou en Formule 2. "J’ai offert mes services à McLaren car la M23 venait de l’emporter à Silverstone avec Revson, se souvient Jacky. Une troisième voiture était opérationnelle puisqu’ils avaient déjà aligné Jody Scheckter aux côtés de Hulme et Revson. Pour des raisons évidentes, les pilotes titulaires ne me voyaient pas arriver avec le sourire, mais Teddy Mayer et Alistair Caldwell, les responsables de McLaren, n’ont pas dit non…" |
Auteur du meilleur temps dès la première séance, le Belge justifiait d’emblée sa réputation de "Ringmeister" en 7’09’’7, un temps canon seulement amélioré par Stewart, Peterson et Cevert lors de la seconde séance du vendredi à laquelle il ne prit malheureusement pas part, moteur cassé sur la troisième M23. Sans quoi, on peut se demander si Jacky n’aurait pas été le premier homme à franchir le mur des 7 minutes au tour… |
Le lendemain, en effet, la piste était encore humide par endroit lorsqu’il signa un impressionnant 7’10’’3, tandis que la suite des essais fut perturbée par la pluie : personne n’améliora donc les chronos de la veille. Quatrième sur la grille de départ derrière les deux Tyrrell et la Lotus de Peterson, Ickx précédait ses équipiers Hulme et Revson de plus de six secondes ! Teddy Mayer insista pour que les McLaren optent pour les pneus durs, une erreur tactique qui coûta sans doute la victoire à Jacky. |
Après l’abandon de Peterson dans le premier tour, les Tyrrell de Stewart et Cevert, chaussés de gommes tendres, ont immédiatement creusé un écart important. Troisième à l’arrivée, le Belge pouvait néanmoins se montrer satisfait. Sa cote était remontée et, pour 1974, il entra en pourparlers avec McLaren, Tyrrell et Lotus. Le grand Ken, pour le compte duquel il avait brillé en F2, lui confia que Stewart allait se retirer mais Ickx se sentait lié à McLaren après son exploit du Ring et refusa de s’engager. Cependant, en passant des parfums Yardley au sponsoring de Marlboro et Texaco la saison suivante, McLaren préféra engager Emerson Fittipaldi, qui fut d’ailleurs sacré Champion du monde. Entre-temps, les volants Tyrrell avaient été attribués à Scheckter et Depailler, aussi Ickx posa-t-il ses valises chez Lotus aux côtés de Ronnie Peterson. C’est d’ailleurs au volant de la vieille Lotus 72 qu’il remporta sa dernière victoire en F1, lors de la Course des Champions disputée sous la pluie à Brands Hatch, au printemps 1974. |
Auparavant, le pilote belge avait effectué un retour ponctuel chez Ferrari lors du Grand Prix d’Italie 1973 aux commandes d’une 312 B3 totalement remaniée que la Scuderia avait déjà confiée à Merzario en Autriche. Mais la confiance était rompue entre Ickx et Enzo Ferrari dont la longue association, entamée en 1968 (l’année de sa première victoire à Rouen), en resta là. Jacky s’aligna encore sur une Iso de la petite écurie de Frank Williams à l’occasion d’une pige de fin de saison, au Grand Prix des USA à Watkins Glen, avant de rejoindre le glorieux Team Lotus pour la course suivante, en janvier 1974 à Buenos Aires. Ainsi, en l’espace de six mois, il pilota pour McLaren, Ferrari, Williams et Lotus dans quatre Grands Prix qu’il disputa consécutivement ! Qui dit mieux ? Autres temps, autres mœurs… |
Phillip van Osten Copyright F1 Magazine 2002 |
Ecrit par Phillip van Osten F1 MagazinePublié le 15-11-2002
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Vos commentaires
souvenirs ( Ecrit par Joseph Leroy le 05-12-2002 )
Je me souviens de cet exploit comme si c'était hier: dommage que notre champion n'ait pas eu l'occasion de transformer l'essai lors de la saison suivante; déjà à l'époque, les sponsors faisaient la loi.... |
Ca tient à peu de choses! ( Ecrit par mathieu le 13-09-2003 )
Je suis profondément déçu par la carrière en Formule 1 de Jacky Ickx car il méritais mille fois plus au regard de ses qualités fabuleuses de pilotage.
Elle ressemble un peu à celle de Jacques Villeneuve qui n'a pas su choisir la bonne écurie au bon moment!
La destinée d'un pilote tient à peu de chose finalement.
En 1973, Jacky aurais pu patienter chez Ferrari et connaître l'année suivante le renouveau du cheval câbré qui permit à Nicky Lauda de devenir champion du monde.
L'épisode insolite du Grand Prix d'Allemagne 73 sur une McLaren me bouleverse d'autant plus que l'année suivante Emmerson Fittipaldi devenait champion du monde dans cette même voiture grâce à un sponsor!
On sait aujourd'hui que le choix de Lotus était le moins bon, mais dû probablement à un mauvais concours de circonstance.
Il n'en reste pas moins que la carrière de Jacky Ickx en F1 reste d'une toute beauté et parsemée de grands succès au nombre de 9 précieuses victoires!
Réponse du Webmaster : Il faut préciser que Jacky a quitté Ferrari, en 1973, suite à la publication d'un document confidentiel qu'il avait envoyé au Commendatore. L'ambiance chez Ferrari et l'influence de la presse italienne ont précipité son départ. Même sans cet incident, je ne pense pas que Jacky se serait vu proposé un contrat chez Ferrari pour 1974, et ce pour ces deux raisons.
Pour 1974, Jacky avait signé chez McLaren comme premier pilote et accepté Fittipaldi comme équipier. Malheureusement, le patron de Texaco racing, ami de Jacky depuis 10 ans, rompait le contrat de Jacky.
Je vous conseille de lire le livre que John Goossens a consacré à Jacky Ickx : "A batons Rompus". Ces épisodes y sont décrits par Jacky lui-même. |
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