Hommage de Manfred Giet

Durant ma déjà longue carrière (35 années) comme photographe de sports-moteurs, j'ai eu la chance de connaître deux époques totalement différentes. De l'amateurisme bon enfant des années 60-70 jusque mi 80, les sports moteurs ont pris une orientation résolument professionnelle dès les années 1985, moment où le sport ne devint malheureusement plus qu'accessoire. De ce fait, j'ai eu aussi l'occasion de côtoyer deux générations de pilotes. Parmi celles-ci, quelqu'un m'a toujours fasciné : Jacky Ickx. Non par chauvinisme mais surtout par son immense talent et son charisme.
A mes yeux Jacky Ickx fait partie de cette toute petite élite de pilotes dits "éclectiques" qui ont marqué de leur sceau une époque mythique et à laquelle les nostalgiques se remémorent volontiers eu égard aux épreuves majoritairement soporifiques se déroulant actuellement. Dans toutes les catégories motorisées, Jacky Ickx a toujours su trouver ses marques et gallons très rapidement, ce qui lui a permis de trouver bonne place au sein de la galerie des pilotes les plus illustres.
Le regretté Franco Lini, ancien directeur de course de la prestigieuse Scuderia Ferrari et puis journaliste, m'a dit un jour : "de tous les pilotes que j'ai côtoyés, Jacky était manifestement le plus doué de sa génération. Malheureusement il n'est pas toujours arrivé dans la bonne écurie au bon moment!".
Il est vrai que cette dernière réflexion résume parfaitement pourquoi il n'a pas été sacré Champion du Monde en F1. Dans des catégories aussi diverses que courses de côte, tourisme, sports proto, Canam, rallye, rallyes raids, F2 ou F1, Jacky Ickx en a été le fer de lance durant des décennies en donnant souvent une dimension nouvelle au sport automobile. Et d'un point de vue humain Jacky a toujours été ce que l'on appelait communément à l'époque un gentleman driver, c'est-à-dire un pilote avec un charisme extraordinaire et sachant parfaitement dissocier sport et vie privée. Le seul regret que l'on puisse finalement formuler à son égard est qu'il n'ait malheureusement jamais été sacré Champion du Monde en F1 et ce à cause des aléas de la course qui, à l'époque comparé à maintenant, relevaient trčs souvent de l'aventure.

Chaque fois que je croise Jacky, ses premières paroles sont toujours : "Comment vas-tu ? Mais tu ne changes pas, c'est formidable". Et moi de lui répondre : "mais toi non plus, et c'est nettement mieux ainsi". Allez Jacky, bon vent à toi durant ta retraite certes méritée mais oh! combien regrettée par tes nombreux fans à travers le monde.

Manfred Giet


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