
À la fin de 1969, Enzo Ferrari présentait la première de ses voitures de sport 512S 5 litres : un nouveau challenge contre la dernière née de Porsche, la 917.

Dans sa tentative de produire une voiture de sport la plus compétitive possible, Ferrari sautait d'une classe à l'autre après les changements de règlements en 1968 par le conseil d'administration du sport automobile. Les prototypes étaient limités à une capacité de trois litres et une nouvelle classe GT de production limitée avec un moteur de cinq litres maximum était créée. Pour être homologué pour la classe GT, au moins 50 exemples devaient être construits, mais dès 1969 le numéro était réduit à 25. Avec le moteur de trois litres V12 de Formule 1 disponible, le choix de Ferrari de produire un prototype était entièrement compréhensible.
La nouvelle 312P était prête pour l'ouverture de la saison 1969 à Daytona, où elle prenait la pole position et terminait première de sa catégorie. Bien que la 312P aie fait ses preuves dès sa sortie, elle fut abandonnée après que Porsche fit débuter les 917 au Mans en juin de cette même année. Rapides aux essais, les 917 avaient prouvé qu'elles étaient terriblement sous-développées avec la conséquence fatale du premier tour de la course. La 917 avait cependant convaincu Ferrari de construire une nouvelle GT.
À la différence de Porsche, dont le moteur initial de la 917 était de 4,5 litres, Ferrari décidait d'exploiter le règlement au maximum et débuter avec un tout nouveau moteur de 5 litres dès la mi-1969. Avec quatre soupapes par cylindre, quadruple arbre à cames et un système d'injection de carburant Lucas, le nouveau moteur Type 261 suivait de près la conception des moteurs de Formule 1. Pour des raisons de fiabilité, le moteur n'était pas aussi pointu que ceux de F1, mais avec 550 cv disponibles, ce n'était pas mal. Des modifications furent exécutées sur le moteur et à la fin de sa carrière il produisait bien plus de 600 cv.
Les châssis étaient composés d'une coque en aluminium pour la section avant et d'un chassis tubulaire pour soutenir le moteur et la suspension arrière.
C'était essentiellement un développement des châssis 312P, avec des modifications faites pour supporter le plus gros moteur et se conformer à la classe GT. Les exigences pour la clase GT incluaient une roue de secours et un pare-brise différent. La carrosserie arrondie en fibre de verre des 312 fut remplacée. À son début, l'ensemble pesait 880 kg, ce qui était considérablement plus que son rival plus puissant et refroidi par air de Stuttgart.
Le mauvais temps fût présent lors des essais de la nouvelle 512S jusqu'à la fin de l'hiver, le team trouvant rarement une piste sèche. Les essais étaient plus importants que jamais, car l'écart de développement de six mois avec Porsche avait dû être couvert avant les 24 heures de Daytona, ouverture de la saison en janvier 1970. Quand Mario Andretti conduisit pour la première fois sur piste sèche durant la semaine d'essai de Daytona, il fut chronométré avec un temps de moins d'une seconde de celui des Porsches. La vitesse était clairement là, seul un problème se posait; l'homologation. A l'échéance, Ferrari présentait 17 exemplaires achevés et les pièces des 8 voitures devant encore être montées.
Cinq heures après l'homologation, cinq voitures étaient en route vers Daytona. Lors du tête-à-tête de qualification, les 512S et les 917 subirent des conditions météo défavorables. Andretti profitait de la situation et placait sa 512 S en pole position pour ses débuts, tout comme la 312P avait fait l'année précédente. Toutes les cinq Ferrari engagées subirent des problèmes durant la course et seule, la voiture d'Andretti terminait, à une raisonnable cinquième place. Un problème de suspension l'avait privé d'une deuxième place apparemment sûre.
Ferrari a probablement appris plus des 512 durant ces 24 Heures à Daytona qu'il ne l'avait fait durant les deux mois d'essais précédents l'épreuve. La Ferrari avait démontré son manque de puissance et son poids top élevé. L'amélioration de l'aérodynamique et de la consommation de carburant était également sur la liste "à faire" de Forghieri. Une version spyder ouverte amena un gain de 25 kg, mais cela ne fut pas apprécié par tous les pilotes, particulièrement dans les conditions pluvieuses. De petites lèvres étaient ajoutées de chaque côté du nez pour augmenter la force d'appui. L'amélioration de l'injection de carburant apporta au moteur V12 la même puissance que la Porsche et l'efficacité en carburant.
Quatre 512S révisées étaient opposées aux quatre 917 pour la course suivante du championnat à Sebring. Trois de quatre Ferrari disposaient de la carrosserie spyder et la voiture qui avait terminé la course de Daytona était toujours dans sa configuration initiale. Montrant à nouveau son talent, Andretti qualifiait sa 512S en pole, suivi par les sept autres voitures GT. Dès le début de la course, Andretti était en tête, n'étant rattrapé par trois Porsches que lors d'un arrêt aux stands. Ce n'était que temporaire car les trois Porsches furent vite dépassées suite à des problèmes, laissant les quatres Ferrari mener la course. Après quelques autres changements de commandements, Andretti rattrapait une 917 et la Porsche 908 de tête, pour s'attribuer la première victoire d'une 512s.
Le championnat arrivait alors en Europe pour cinq autes courses avant le pinacle de la saison, les 24 Heures du Mans. Forghieri voulait développer plus la voiture, mais était limité en raison des restrictions d'homologation. La fiabilité fut incroyable durant ces cinq courses, avec juste un abandon sur 17 départs. Malheureusement aucune des arrivées n'abouti à une victoire, mais il y eu des podiums incluant néanmoins une arrivée 2-3-4 derrière une seule 917 aux 1000 km Monza. On soulignera encore la 512s qui se classa à la troisième place lors de la Targa Florio, une course qui favorisait les agiles prototypes de 3 litres.
Le Mans était la course la plus importante de la saison pour Porsche. Une victoire au Mans achèverait un effort laborieux de 20 ans. Plus que sur tout autre circuit, la vitesse maximum de la voiture au Mans est cruciale. Tant Ferrari que Porsche produirent les versions longue queue spéciales qui avaient moins d'appui, mais qui avaient moins de trainée en virage pour des vitesses supérieures plus élevées. Ferrari engagea quatre voitures d'usine à longue queue, mais le team principal Porsche, JWA (Gulf), était peu disposé à engager des voitures à longue queue à la suite d'accidents durant les essais. De nouveau Ferrari était considérablement plus lourd que les 917, tant les versions à longue queue que les versions classiques.
Les qualifications mirent en évidence que les 100 kilos supplémentaires des 512S n'étaient pas un handicap réel car Vacarella réalisait temps de juste 0.3s derrière le poleman Elford et sa 917 à longue queue. Terminer avait été le point fort de Ferrari durant la saison européenne, mais brusquement ce ne fut plus le cas au Mans. La voiture de Vacarella aura tenu juste 30 minutes. Quand la pluie commenca à rendre le circuit glissant peu de temps ensuite, deux des voitures d'usine étaient victimes d'infortunes multiple. Jacky Ickx avait pris l'initiative dans la 512S d'usine restante, mais autour de 2h00 du matin il percutait une butte et en retombant la voiture tuait un commissaire de piste. Porsche gagnait finalement le Mans. Le Mans 1970 fut la seule course où les voitures d'usine Ferrari et Porsche luttèrent pour la victoire; la fin et début de deux ères.
Maintenant, avec le stress du Mans derrière eux, Forghieri, à la tête de l'équipe de développement, commencait à travailler sur une version plus puissante et plus basse de la 512S. La 512M (M pour Modificato ou Modifiée), produisait 620 cv et pesait seulement 815 kg, comparés aux 856 kg de la 512S Spyder. Un nez en forme de cale 'plus aigu' était adapté et une grande boîte à air était montée au dessus du moteur pour forcer l'air dans les trompettes d'admission. D'autres modifications dont la nouvelle carrosserie arrière étaient apportées et l'option spyder n'était plus disponible. Le 'Package M' était loin d'être bon marché, mais environ 15 des 25 512S furent mise à jour.

Le prototype 512M fit ses début lors de la course finale du championnat 1970 en Autriche. Durant les qualifications la voiture pilotée par Ickx-Giunti fut victime de problèmes d'alimentation en carburant, mais réalisait des temps semblables à la plupart des 917. Avec des réservoirs pleins et les problèmes d'alimentation de carburant solutionnés, Ickx battait le temps de la pole de la 917 durant les premiers tours de la course. Il continua d'améliorer le record du tour pour finalement battre son propre record du tour en Formule 1 réalisé deux mois plus tôt. Pour la première fois cette saison, les Porsches étaient surclassées et par une vraie marge. Malheureusement, des problèmes d'alternateur mirent fin à la course de Ickx et Giunti, mais ils avaient clairement prouvé que le retard de développement était finalement comblé.
Ickx et Giunti enmenèrent la 512M à Kyalami pour une course de 1000 km hors championnat. La seule autre voiture d'usine était la Porsche 917K, pilotée par le champion du monde nouvellement couronné Siffert et secondé par Ahrens. La domination de la 512M fut incroyable; facilement en pole par rapport à la meilleure voiture Porsche. Une pénalité d'un minutes infligée à cause d'un faux départ ne découragait pas l'équipage et après 1000 km, Ickx et Giunti passaient la ligne d'arrivée, avec deux tours d'avance sur la Porsche.
Les choses semblaient très brillantes pour la saison 1971 du team basé à Maranello. Ferrari avait cependant quelques plans très différents pour cette année et avait décidé de se concentrer à nouveau sur un programme de prototypes de 3 litres. La plupart des manches du championnat du monde favorisaient les prototypes plus petits et Ferrari craignait la concurrence accrue de Matra et d'Alfa Roméo. Le team d'usine se concentrait sur les nouveaux prototypes 312P(B) et laissait l'utilisation de la 512M aux teams clients. Aucun de ceux-ci ne put rivaliser avec la préparation des Porsches clients et, bien que ce soit une machine supérieure, la 512M ne fut jamais une vraie force en 1971.
Quand la classe 5 litres fut abandonnée pour 1972, la carrière tant des 512 que des 917 était effectivement terminée. Les deux voitures sont pour toujours liées et dans les conversations, une est rarement mentionnée sans l'autre. Ferrari a prouvé que son choix de se concentrer sur la 312 PB fut juste, en gagnant le championnat du monde en 1972 et 1973.
FICHE TECHNIQUE
Moteur
Central longitudinal
Type 261C 60º V12
Distribution : 4 soupapes par cylindre, double arbre à cames en tête
Cylindrée : 4.993 litres / 182.5 cm³
Alimentation : Injection Lucas
Puissance : 610 cv / 455.1 kW à 9000 tr/min
Transmission : Aux roues arrière boîte longitudinale à 5 vitesses + MA ; différentiel auto-bloquant
Poids : 815 kg
Exemplaires construits: 25
CHASSIS
Si vous désirez plus de renseignements sur les 25 chassis construits, je vous invite à consulter le site Barchetta.
Vos commentaires
wonderfull
Ecrit par Gabri (23-01-2005 Ã 16:17)
I have no words,You did a MARVELLOUS work,i discovered this site today and I love it
One of the most beautiful
Ecrit par Joa (02-02-2005 Ã 09:52)
The 512 is one of the most beautiful racing cars ever, from the golden era of sport prototypes.
Excellent site!
Joa